crédit photo: Jean-Michael Seminaro

Débâcle 1

2024

Matériaux: Papier japonais, fils de coton et fils de papier.

Technique: Gravure en relief, couture et broderie.

Voici quatre extraits d’une entrevue avec Serge Brault qui décrit le phénomène de la débâcle du Saint-Laurent à la hauteur de la ville de Longueuil lorsqu’il était enfant dans les années 50.

Processus de création des œuvres

Documentariste de formation, Mélanie Saumure s’intéresse aux différentes formes de récit et à la façon dont les gens habitent les lieux qui les entourent. L’utilisation d’archives visuelles, alliée à un désir de préservation et de transmission de la mémoire, est au cœur de la pratique de l’artiste.

Virginie Fillion s’intéresse à l’univers de l’intime, notamment à l’espace domestique et au potentiel symbolique des motifs décoratifs pour s’approprier le lieu. Pour elle, les motifs offrent une expérience immersive qui invite à la contemplation, tout en ouvrant sur un espace virtuellement infini. Par les motifs, elle invite à réfléchir à notre place dans un environnement en constante évolution.

Pour le projet Traces urbaines, les deux artistes ont collaboré à l’élaboration d’une série d’œuvres réalisées en duo.

En visitant les plaques attribuées pour le projet, les artistes sont frappées par la façon dont l’autoroute marque le paysage visuel et sonore du Vieux-Longueuil. Communauté riveraine, la ville a graduellement perdu son accès direct aux berges du fleuve Saint-Laurent après une série d’importants chantiers de construction entre les années 1950 et 1970. Dans le quartier historique du Vieux-Longueuil, entre le chemin de la Rive et la rue Du-Bord-de-l’Eau, se dresse une autoroute qui coupe définitivement la vue du fleuve Saint-Laurent et restreint l’accès au bord de l’eau. Malgré quelques projets de développement riverain depuis la fin des années 1980, l’accès au fleuve demeure difficile et limité.

Les artistes ont donc réfléchi aux profondes modifications qu’a subies le paysage et à leurs impacts sur la vie des citoyens. Par l’utilisation d’archives visuelles des rives de Longueuil, de prises de vues contemporaines et de motifs, elles réalisent des matrices sur bois gravées au laser dont elles se servent pour créer de nouvelles topographies. Ces images visent à élaborer une forme de dialogue en utilisant les arts imprimés comme moyen de transmission.

À la recherche de profondeur humaine, Virginie et Mélanie recueillent les récits de Serge Brault, citoyen du quartier. L’homme, natif de Longueuil, partage généreusement des anecdotes personnelles lors d’une rencontre intime avec les deux artistes et la cousine de Brault, Denise Lachapelle, membre du centre d’artistes Zocalo. De cette rencontre de trois heures découle un enregistrement sonore d’une richesse documentaire incroyable, où les artistes puiseront certaines anecdotes en lien avec les rives de Longueuil. Elles s’intéressent aux récits imagés de Brault, tels que les spectacles de la débâcle printanière lorsque la glace du fleuve se fendait et faisait déborder le fleuve jusque dans les rues de la ville, ses baignades au « crib », cette piscine en bois flottant sur le fleuve, ou encore la pêche aux anguilles, à laquelle Brault assistait lorsqu’il était petit.

Virginie Fillion-Fecteau et Mélanie Saumure